Éditorial

Recycler ne sauvera pas la planète*

Vous êtes dans une chaloupe qui prend l’eau, vous voyez d’où provient la fuite, mais vous continuez à écoper sans réellement chercher à boucher le trou. De toute façon, vous n’avez pas les outils nécessaires et vous êtes seul. La chaloupe s’enfonce un peu plus, vous écopez encore plus rapidement. Vous savez que vous allez éventuellement couler. Vous gardez tout de même espoir.

Bon voilà, c’était le résumé de la mise à jour 2025 du Rapport sur l’indice de circularité du Québec…

Quoi de neuf au FCQGED

Dernière chance pour appliquer pour la bourse Michel Séguin 2025

La date limite pour soumettre une candidature afin d’obtenir la bourse Michel Séguin d’une valeur de 1000$ est le 28 novembre 2025! Vous connaissez ou vous travaillez pour une école primaire ou secondaire au Québec qui a mis en place des initiatives de réduction à la source? Faites-nous rapidement part des projets qui y sont menés et elle pourrait être sélectionnée pour la bourse à la fin du mois de décembre. Si vous souhaitez soumettre une candidature, mais que vous avez besoin d’un peu plus de temps, entrez en contact avec nous et nous verrons s’il nous est possible d'accommoder votre situation.

Le processus de soumission des candidatures est rapide et simple. N’hésitez pas à nous contacter pour toute question relative à la bourse!

Les audiences sur l’agrandissement du plus grand LET du Québec pourraient arriver bientôt

Le ministère de l’Environnement poursuit son analyse du projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique (LET) de Lachenaie. À terme, ces travaux permettront de déterminer si l'étude d’impact du projet réalisée par le promoteur est jugée recevable, ce qui signifie qu’elle aborde de manière satisfaisante les éléments prescrits par la directive du ministère. Bien qu’il soit impossible de déterminer avec précision la date à laquelle le ministère déterminera que l’étude d’impact est recevable, on peut tout de même s’attendre à ce qu’il le fasse plus tôt que tard. En effet, le promoteur est en train de répondre à la deuxième série de questions et commentaires du ministère. Il n’y a pas de nombre prédéfini de séries de questions et commentaires qui sont menées pour chaque projet. Toutefois, historiquement, leur nombre tend à demeurer relativement faible.

Nous portons une attention particulière aux étapes franchies dans ce dossier en raison de l’enchaînement rapide des événements qui suivra la recevabilité de l’étude d’impact. Effectivement, comme le promoteur du projet a indiqué son intention de demander la tenue d’audiences publiques, ces dernières auront lieu directement après que l’étude ait été jugée recevable. Cette situation contraste avec le déroulement typique précédant les audiences; normalement, une période est prévue afin que des citoyens, des groupes, ou des organismes puissent effectuer des demandes d'audience publique. Ce délai offre accessoirement un temps au milieu pour se mobiliser.

Nous soulignons également l’importance du projet d’agrandissement du LET Lachenaie dans le paysage de la gestion des matières résiduelles au Québec. D’une part, il s’agit de la plus grande installation d’élimination de la province. Son avenir façonnera donc nécessairement la capacité d’une bonne partie de la population de la grande région de Montréal à avoir accès à l’enfouissement. D’autre part, le projet d’agrandissement souhaité par le promoteur est de grande envergure, assurant une quasi-stabilité des opérations du LET jusqu’en 2043. Bref, cet agrandissement se distingue par son ampleur et, conséquemment, par sa durée de vie.

Pour ces raisons, si vous avez un quelconque intérêt pour le sort du LET de Lachenaie et, plus largement, pour les pratiques d'élimination au Québec, nous vous invitons à consulter la documentation du dossier dès maintenant. En vous renseignant à l’avance, vous vous assurerez de maximiser la pertinence de vos interventions lors des audiences du BAPE.

Vous pouvez également nous contacter si vous avez besoin de soutien pour intervenir lors des consultations publiques. Nous croyons que les voix citoyennes doivent être entendues dans ce dossier. Restez également à l’affût au cours des prochaines semaines; nous prévoyons offrir un webinaire sur la participation aux audiences du BAPE.

Dossiers à suivre

L’indice de circularité recule au Québec

RECYC-QUÉBEC a diffusé une mise à jour 2025 de son Rapport sur l’indice de circularité de l’économie du Québec. L’indice de circularité estimé dans le rapport réfère à la part des matières secondaires (c.-à-d. réemployées, recyclées ou valorisées) sur l’ensemble des matières consommées par une économie. Le ratio obtenu ainsi permet d’évaluer si la région étudiée se rapproche davantage d’une économie linéaire (0%) ou circulaire (100%).

Les résultats de ce nouvel exercice, qui fait suite à une première mouture parue en 2021, n’ont rien d’encourageant. Depuis la parution du dernier rapport, l’indice de circularité du Québec a chuté de 3,5% à 2,5%. Pire encore, un raffinement de la méthodologie employée permettrait une révision de la valeur calculée en 2025 pour plutôt obtenir un ratio de 1,9%. L’ajustement méthodologique empêche cependant toute comparaison aux résultats de 2021, ce qui ne confère pas moins au résultat corrigé l’effet d’une douche froide.

RECYC-QUÉBEC souligne que ce résultat concorde avec une tendance observée à l’échelle mondiale. En effet, alors que l’indice de circularité mondial était de 8,6% en 2020, il a également chuté à 6,9% en 2025. Bien que ce constat permette de relativiser la régression observée au Québec, il met à nouveau en lumière l’écart que la province entretient face à la performance mondiale. L’interprétation la plus favorable de ces données est que la régression de l’indice de circularité au Québec a été légèrement moins forte que dans le reste de monde, ce qui laisse lieu à un modeste rattrapage de la province face à la moyenne globale.

La mise à jour de 2025 du Rapport soulève également une série de constats pour lesquels il est plus difficile de trouver une note positive. Premièrement, on y note que l’économie du Québec dépend largement de l’exploitation de ressources non renouvelables. Il s’agit d’une vulnérabilité considérable dans un contexte où les chaînes d’approvisionnement de ce secteur pourraient être perturbées sous l’effet de tensions géopolitiques croissantes et de phénomènes météorologiques induits par les changements climatiques.

Deuxièmement, l’efficacité de l’économie québécoise à générer de la richesse à partir des ressources qu’elle exploite a diminué sur la période récente. Alors qu’une tonne de matière générait 1788$ en 2016, on n’extrayait que 1504$ d’une même quantité en 2019, soit une baisse d’environ 16 %.

Mais la mise à jour de 2025, ne dresse pas non plus qu’un portrait négatif. Malgré les reculs observés, on souligne d’abord l’adoption par le gouvernement d’une Feuille de route gouvernementale en économie circulaire pour la période 2024-2028 ainsi que d’un Plan stratégique 2025-2028 pour RECYC-QUÉBEC. Des pistes de solutions générales sont également avancées et structurées autour de trois priorités stratégiques : l’établissement d’objectifs précis pour chaque secteur afin de réduire leur empreinte matérielle, l’augmentation de l’accessibilité des pratiques circulaires pour les entreprises, et le développement de chaînes de valeur circulaires à l’échelle locale en favorisant le réemploi.

Pour plus d’informations, consulter la version complète du rapport :

Reculs législatifs en environnement, aussi bien au fédéral qu’au provincial

Des développements législatifs récents tant au niveau fédéral que provincial sont annonciateurs de certains reculs en environnement. Au provincial d’abord, le projet de loi 7 introduit deux principaux éléments qui ont retenu l’attention des groupes. Premièrement, le projet de loi modifie la fréquence des rapports du commissaire au développement durable. Alors que ces derniers sont actuellement produits annuellement, ils seraient plutôt publiés tous les cinq ans selon l’article 146 du projet de loi. Cet écart pourrait miner la capacité du commissaire à adéquatement porter un jugement sur l’application de la Loi sur le développement durable.

Deuxièmement, et il s’agit là de la disposition qui a le plus fait réagir, l’article 141 du projet de loi permet au gouvernement de transférer les surplus du Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) (le successeur du Fonds vert) au Fonds des générations et au Fonds des réseaux de transport terrestre. Le gouvernement a d’ailleurs indiqué son intention de redistribuer les surplus du FECC au Fonds des générations. Cette décision a notamment été critiquée par la Fédération québécoise des municipalités (FQM). Selon cette dernière, le transfert des surplus du fonds pourrait priver les municipalités et les MRC d’un financement précieux dans le déploiement de l’atténuation et de l’adaptation locale aux changements climatiques.

Du côté fédéral, l’omnibus C-15, qui visait principalement à adopter certaines modifications en lien avec le budget, a également été utilisé par le gouvernement comme une opportunité de révision de dispositions en lien avec l'écoblanchiment. C’est principalement le retrait d’une obligation entourant les affirmations en lien avec les avantages environnementaux qui a retenu l’attention à ce niveau. Plus précisément, C-15 « supprime l’obligation pour les entreprises de justifier leurs déclarations d’avantages environnementaux en fonction de normes méthodologiques reconnues à l’échelle internationale ».

Ces modifications semblent faire écho à certaines préoccupations émises par la communauté d’affaires face à l’encadrement légal de l’écoblanchiment mis en place en 2024 au niveau canadien. La Chambre de commerce du Canada avait exprimé que la description de «méthodologies reconnues à l’échelle internationale » était trop vague pour permettre aux entreprises de bien évaluer leur situation. Des craintes avaient également été émises quant au caractère trop strict de la disposition, qui aurait pu décourager des entreprises ayant autrement désiré mettre en place des mesures pro-environnementales.

En dépit du soulagement du côté des entreprises, les groupes environnementaux ont largement critiqué la décision du gouvernement. Selon le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), le retrait de cet élément pourrait entraîner une perte de transparence pour les consommateurs et ouvrir la porte à des déclarations environnementales moins rigoureuses. En l’absence de barème méthodologique clair, les entreprises pourraient utiliser des méthodes douteuses ou pas de méthodes du tout afin d’attribuer des vertus environnementales à leurs produits. Le consensus du côté des groupes semble préconiser une précision des méthodologies à employer plutôt qu’un retrait des dispositions.

Une décision de la CPTAQ restreint le projet d’agrandissement du LET de Saint-Thomas de Joliette

Au début du mois, un article de La Presse a mis en lumière une décision de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) concernant le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique (LET) de Saint-Thomas de Joliette. En continuité avec son orientation préliminaire parue il y a environ un an, la CPTAQ a refusé la demande de la MRC de Joliette d’exclure des lots visés pour le projet d’agrandissement de la zone agricole. La Commission a notamment justifié son choix en indiquant, comme elle l’avait fait précédemment, que d’autres terrains sur le territoire de la MRC de D’Autray seraient plus appropriés pour le projet. Selon la décision rendue, les terrains en question seraient plus appropriés, « [...] car ils permettrait de réduire encore davantage les contraintes sur le territoire et les activités agricoles, eu égard à la perte définitive de territoire agricole [...] ».

Comme nous le mentionnions lors de la remise de l’orientation initiale de la CPTAQ, le projet d’agrandissement du LET de Saint-Thomas doit aussi être analysé à la lumière des relations qui unissent les MRC et les municipalités au promoteur du projet d’agrandissement. D’une part, la MRC de D’autray a adopté dans les années 1990 un règlement afin d’éviter l’agrandissement du LET de Saint-Thomas. On y trouve également un support historique plus faible pour les activités du site d’enfouissement. D’autre part, la MRC de Joliette, en raison d’une entente signée avec le propriétaire du LET de Saint-Thomas, a l’obligation d’appuyer l’exploitant du LET dans toutes ses démarches d’agrandissement du site. Elle doit également entreprendre et financer les démarches d’exclusion des lots ciblés par l’exploitant du LET de la zone agricole du Québec. 

La MRC de Joliette s’est d’ailleurs désolée de la décision de la CPTAQ. L’article de La Presse rapportait que, dans un échange courriel, la MRC avait indiqué que « ”Les contribuables de l’ensemble de la MRC” doivent “bénéficier d’avantages concrets” de l’agrandissement du site sur son territoire plutôt que de “subir les inconvénients” d’un site à proximité, mais situé dans la MRC voisine ».

Nous remettons en cause l’argumentaire de la MRC de Joliette sur ce point. Il est concevable que la population de Saint-Thomas de Joliette puisse être affectée par certaines nuisances en lien avec l’exploitation du LET. Néanmoins, la proximité du site d’enfouissement avec le secteur résidentiel de la municipalité de Sainte-Geneviève-de-Berthier laisse penser que c’est surtout la population de la MRC de D’Autray qui subirait les conséquences négatives associées au projet. En ce sens, la MRC de Joliette nous semble suggérer que le statu quo vécu par la MRC de D’autray serait inacceptable s’il s’appliquait à elle.

L’impasse dans ce dossier combiné à la quantité de matières reçues annuellement par le LET de Saint-Thomas pourrait laisser craindre la mise en place d’une zone d’intervention spéciale (ZIS) visant à assurer l’agrandissement. Une telle intervention s’est déjà vue afin de permettre l’agrandissement du LET de Saint-Nicéphore face au refus de la Ville de Drummondville d’aller de l’avant avec le projet. Nous nous demandons toutefois dans quelle mesure une ZIS pourrait être appliquée dans un cas où les paramètres du projet sont remis en question par un organisme relevant du gouvernement provincial comme la CPTAQ.

Pour plus d’information, consultez la décision de la CPTAQ :

Nouvelles de nos membres et partenaires

Webinaire de l’AOMGMR : Et si nos écocentres devenaient de véritables pôles d’économie circulaire ?

📅 12 décembre, de 10 h à 12 h

Cette intervention du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) proposera des pistes concrètes pour repenser les activités des écocentres et faire de véritables carrefours de circularité. À travers des exemples inspirants, nous verrons comment ces infrastructures peuvent maximiser le réemploi, réduire les matières éliminées et créer davantage de boucles locales de valeur. Et pourquoi ne pas imaginer des maillages avec Synergie Québec, le vaste réseau de symbioses industrielles présent partout au Québec animé par le CTTÉI?

Un gestionnaire d’écocentre régional, également engagé dans l’entrepreneuriat social, viendra partager son expérience et démontrer comment la collaboration territoriale peut transformer les matières résiduelles en ressources tout en stimulant l’économie locale. ♻️

La rencontre se conclura par un échange interactif entre les participants, pour faire émerger des idées concrètes et partager les réussites issues du terrain.

Vous aimeriez que vos activités ou vos bons coups soient partagés à des centaines d’organismes à travers le Québec ?

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Le FCQGED dans les médias

La Voix de l’Est (Le Droit, Le Nouvelliste, Le Soleil, La Tribune, Le Quotidien) – 18 novembre 2025
Appareils électroniques: que deviennent vos Serpuariens?

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