Éditorial

La mouette

Certaines personnes sur mon milieu de travail m’affublent gentiment du sobriquet la mouette. Loin de m’en offusquer, j’utilise cette appellation pour sensibiliser avec amusement mes collègues sur le gaspillage alimentaire. Et oui, je l’avoue, je suis allergique au gaspillage de toute sorte. Je n’embête cependant personne avec ça; il n’y a rien de pire que de vouloir faire la morale aux gens sur leurs habitudes de vie. Aussi, je me rends compte que je ne suis pas le seul qui déteste mettre aux poubelles ce qui peut encore être utile ou bon à manger. Pas toujours facile toutefois d’être une mouette dans ce monde de consommer-jeter…

Quoi de neuf au FCQGED

Une Semaine québécoise de réduction des déchets 2025 couronnée de succès !

La 25ème édition de la Semaine québécoise de réduction des déchets a eu lieu du 20 au 26 octobre 2025. Encore cette année, la SQRD fut un véritable succès ! La thématique « J’en ai assez ! » a permis de réaffirmer notre engagement collectif envers la réduction à la source. Les événements en présentiel et en ligne de la programmation officielle, organisée par Zéro Déchet Québec, ont attiré un public de plus de 660 personnes.

Vous avez manqué des activités qui vous intéressaient? En attendant nos prochains événements, vous pouvez visionner deux

Premièrement, le FCQGED et la Ville de Montréal ont donné une conférence conjointe, explorant les différents moyens de faciliter la participation citoyenne dans des projets municipaux de réduction et de gestion des matières résiduelles. La conférence est également disponible en rediffusion ici.

Par ailleurs, un grand nombre d’entre vous ont assisté au webinaire Ce que le déchet dit de nous : point de vue d’un vidangeur sociologue, avec Simon Paré-Poupart. Nous avons été très heureux des échanges avec les participants qui ont rendu cet événement d’autant plus intéressant. L’enregistrement du webinaire peut être visionné ici.

Durant la Semaine, nous avons publié trois articles en lien avec notre thématique revendicatrice. L’article introductif, J’en ai assez pour réduire, survole 25 ans de la SQRD et de la réduction à la source. Nous avons également publié un texte sur la publicité et un autre sur le bonheur.

Pour conclure cette 25ème édition, nous tenons à remercier La Maison du développement durable et nos précieux partenaires financiers pour leur contribution, ainsi que nos 27 partenaires de diffusion, qui ont célébré la SQRD et organisé des événements pour leur communauté respective.

Finalement, merci à notre porte-parole, Jean-François Breau, et à tous les intervenant·e·s invité·e·s qui ont partagé leur expertise durant la Semaine québécoise de réduction des déchets 2025.

Restez à l’affût pour de nouveaux événements et contenus dans le cadre de la SQRD à l’année!

Dossiers à suivre

Consignaction fait le bilan de la première année d’élargissement de la consigne

Consignaction a dévoilé son rapport annuel 2023-2024. Il s’agit de la première fois que l’organisme publie un tel document depuis qu’il a pris en main la modernisation de la consigne. Ainsi, il s’agit également d’une première série de constats suivant le déploiement d’un mode de gestion du système fondé sur le principe de responsabilité élargie des producteurs (REP).

Le rapport détaille plusieurs des actions et orientations développées par Consignaction au cours de la période du 1er novembre 2023 au 31 décembre 2024, mais il offre surtout des données inédites quant à la performance du système de consigne. Au niveau de la récupération des contenants (pris en nombre d’unités), Consignaction indique un taux de récupération de global de 68,04% (69,30% pour les contenants de métal, 57,67% pour les contenants de plastique, et 57,56% pour les contenants de verre). Il est intéressant de noter que ce taux est légèrement supérieur à celui relevé par RECYC-QUÉBEC dans son bilan 2023, ce dernier se chiffrant plutôt à 65%. Il peut toutefois être hasardeux de comparer trop finement les deux valeurs, puisque les taux n’ont pas été calculés selon les mêmes paramètres.

Toujours au niveau de la récupération, on notera également que Consignaction estime qu’environ 15,51% des contenants consignés récupérés le sont par le biais de la collecte sélective. La réglementation provinciale limite à 5% la proportion de ces contenants qui peut être considérée dans le taux de récupération officiel du système de consigne, mais Consignaction rapporte tout de même un « taux de récupération réel » qui englobe l’ensemble des contenants récupérés via la collecte sélective. Ce taux réel s'élèverait à 78,65%. Pris autrement, 21,35% des contenants consignés échappent aux systèmes de récupération, qu’il s’agisse de la consigne ou de la collecte sélective.

Le rapport indique également que le taux de rejet des récupératrices automatisées (gobeuses) est estimé à 0,62%. Ce taux se traduit pour la période 2023-2024 en environ 1 568 000 contenants consignés rejetés.

Finalement, bien que consignaction n’ait pas d’obligation en lien avec la valorisation locale avant 2026, on note que les taux qui seront alors prescrits sont déjà atteints par Consignaction, sauf pour les contenants consignés de métal. Comme ce dernier taux se situe à 0%, on pourra présumer qu’il est attribuable à une absence de débouchés locaux dans la chaîne de mise en valeur des contenants en aluminium.

Dans l’ensemble, les résultats du premier rapport annuel de Consignaction sont encourageants. Bien qu’il n’y ait pas de surprise au niveau du taux de récupération puisque les résultats du plus récent bilan de RECYC-QUÉBEC viennent tout juste d’être dévoilés, il sera utile d’avoir un point d’ancrage utilisant une méthodologie constante pour les prochains rapports. On peut d’ailleurs s’attendre à des variations dans les taux de récupération au cours des prochaines années, notamment en raison de l’élargissement successif de la consigne à d’autres types de contenants. De plus, bien que le taux de rejet des récupératrices soient relativement faibles à l’heure actuelle, un travail constant visant la réduction de ces rejets devrait être fait. L’importance de cet élément sera exacerbée à mesure que de nouveaux types de contenants sont intégrés au système, puisqu’il faudra d’autant plus favoriser l’adhésion et la création de nouvelles habitudes chez les utilisateurs.

Au final, il est surtout intéressant de voir quel format prendront les résultats diffusés au public par Consignaction. Une publication annuelle sera utile, car elle permettra d'effectuer un suivi plus fin des variations de performance du système de consigne que les bilans de RECYC-QUÉBEC, qui sont plutôt diffusés aux deux ans.

Pour plus d’informations, consultez le rapport annuel 2023-2024 de Consignaction :

Les controverses s’accumulent à Stablex

Le dossier Stablex demeure très actif. Après une manifestation qui avait retenu l’attention en raison d’une entrée par effraction sur le site de l’entreprise en septembre dernier, c’est maintenant un reportage de l’émission Enquête qui a mis en lumière plusieurs développements entourant la contestation face au site. Dans la foulée du reportage, une coalition de groupes environnementaux a déposé une plainte à l’encontre de Stablex auprès du ministère de l’Environnement. La plainte s’attaque à trois grands éléments ayant été au centre des préoccupations récentes entourant le site existant : la possibilité de rejets atmosphériques dangereux, d’une contamination des eaux et d’un déversement toxique.

La question des émissions atmosphériques semble avoir été mise de l’avant en raison de révélations faites dans le cadre d’Enquête. Au cours du reportage, plusieurs anciens employés de Stablex ont fait le récit d’événements préoccupants. Ils ont notamment évoqué des épisodes au cours desquelles des particules toxiques et des polluants atmosphériques auraient été relâchés par un des édifices du site, ce qui aurait créé des nuages de contaminants aux alentours. Selon la coalition, ces récits « laissent craindre des émissions atmosphériques susceptibles de contrevenir au Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère». De son côté, l’entreprise affirme que des épisodes comme ceux décrits par les ex-employés peuvent avoir eu lieu par le passé, mais qu’ils ne seraient toutefois pas représentatifs de la réalité actuelle.

La contamination des eaux, quant à elle, relève à la fois d’un constat global et d’un incident spécifique de déversement. Pour ce qui est de la situation plus générale, la coalition de groupes environnementaux affirme avoir réalisé des analyses qui montrent une concentration de contaminants dans l’environnement augmentant progressivement à mesure que les points d’observation retenus se rapprochent de Stablex. Plus fondamentalement, les groupes critiquent l’approche retenue par le ministère de l’Environnement face à la surveillance de l’environnement entourant le site. D’une part, ils remettent en cause le choix des points d’observation du ministère. D’autre part, ils contestent la décision d'effectuer un suivi des activités de Stablex sur une base principalement administrative. En effet, la plupart des analyses sont réalisées par l’entreprise, qui transmet ensuite ses résultats au ministère de l’Environnement.

Finalement, pour mieux comprendre l’incident spécifique lié à la contamination des eaux, il faut revenir en août dernier. Lors d’une manifestation, des membres de la coalition de groupes environnementaux ont aperçu que de l’eau s’écoulait de la benne d’un camion sortant du site de Stablex. Des citoyens ont récolté un échantillon de l’eau en question avant de le faire analyser par un laboratoire indépendant. L’eau du camion se déversait dans un égout municipal se jetant directement dans le ruisseau Locke Head, puis dans la rivière des Mille Îles. Ainsi, les résultats des analyses de laboratoire ont été comparés aux normes de rejet dans les cours d’eau et dans l’égout pluvial établies par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

En appliquant ces paramètres, l’échantillon recueilli aurait dépassé les normes de rejet pour plusieurs métaux lourds. Le plomb dépassait 42 fois la norme, le mercure 38 fois, le manganèse 8,7 fois, et le cadmium 4 fois. Ces substances sont soit neurotoxiques, soit cancérigènes. Selon des membres de la coalition, ces résultats s’approchent des barèmes permettant de catégoriser une matière dangereuse, notamment en raison de la concentration de plomb et de cadmium. Cet événement soulève des craintes plus larges pour les groupes; si cet incident a été décelé uniquement en raison de la manifestation, combien de fois une situation similaire aurait-elle pu se produire sans que le public en ait connaissance?

La direction de Stablex a soulevé deux principales objections face à l’analyse de l’événement présentée par la coalition de groupes environnementaux. En premier lieu, l’entreprise affirme que la quantité d’eau qui a été déversée du camion serait nettement inférieure à celle mise de l’avant par les groupes. Là où la coalition parle d’un écoulement d’environ 1300 litres, Stablex affirme qu’il s’agirait plutôt de 20 litres. En second lieu, l’entreprise nie la validité des résultats des échantillons d’eau; puisque les prélèvements ont été faits avec un gobelet à café et une bouteille d’eau et non avec un équipement stérile, la direction affirme qu’il est impossible de déterminer la source exacte de la contamination. Sur ce dernier point, la coalition a rétorqué que, bien que les conditions d’échantillonnage n’aient pas été idéales, les concentrations de métaux lourds détectées pouvaient difficilement provenir du type de matériel utilisé.

La manifestation la plus récente organisée à Stablex a eu lieu le 25 octobre dernier. Au-delà des éléments abordés dans la plainte envoyée au ministère de l’Environnement, des représentants de groupe ont de nouveau mis en lumière la part importante des importations de matières dangereuses américaines dans les activités du site. Ils ont notamment rappelé que les importations des États-Unis représentent la majorité des revenus de Stablex. Ils ont également fait valoir que les exportateurs américains favoriseraient l’élimination de leurs matières au Québec en raison d’une réglementation plus laxiste; alors que la loi américaine rend les producteurs des déchets dangereux responsables de leurs matières à perpétuité, c’est le gouvernement du Québec qui sera responsable des risques liés au site de Stablex à long terme.

L’incinérateur s’invite dans la campagne électorale à Québec

La question du futur de l’incinérateur divise les candidats à la mairie de Québec. Alors que le parti Québec d’abord prône la réduction du volume incinéré combiné à l’étirement de la durée de vie de l’incinérateur actuel, Québec forte et fier et Transition Québec préconisent plutôt le remplacement de l’incinérateur. Cette procédure impliquerait la fermeture à moyen terme de l’incinérateur actuellement situé dans le quartier Limoilou et la construction d’un nouvel incinérateur à quelques kilomètres dans la zone industrielle de la baie de Beauport. Un tel projet assurerait que la Ville de Québec continue d’incinérer des matières résiduelles pour au moins 60 ans, en comptant la période de construction et la durée de vie du nouvel incinérateur.

Le FCQGED a toujours été opposé à l’incinération comme option de traitement des matières résiduelles. Ainsi, nous sommes d’avis que l’incinérateur de Québec devrait graduellement cesser ses opérations pour être remplacé par une élimination par enfouissement sélectif et sécuritaire. Nous appuyons notre proposition sur trois principales considérations.

Premièrement, l’incinération est un mode d’élimination d’élimination polluant. La Ville de Québec et la CMQ avancent que l’incinération serait moins émettrice de gaz à effet de serre que l’enfouissement. Une telle affirmation ne nous semble pas tenir compte de la composition des matières éliminées. Effectivement, les émissions de méthane attribuables à l’enfouissement proviennent quasi exclusivement de la décomposition anaérobique de matières organiques. Cette réalité peut être largement atténuée par le détournement des matières organiques en implantant et en renforçant les efforts de tri et de collecte auprès de la population. Des méthodes comme le tri mécano-biologique peuvent également être mises en place dans les lieux d’enfouissement afin d’amoindrir encore davantage la présence de matières organiques sur les sites.

Deuxièmement, l’incinération pose un risque important au niveau de la santé. C’est d’ailleurs l’une des raisons évoquées pour justifier les projets de remplacement de l’incinérateur situé dans le quartier Limoilou. Les incinérateurs de matières résiduelles demeurent la principale source d’émission de dioxines et furanes au Canada. Ces composés persistants dans l'environnement peuvent entraîner une dégradation du système immunitaire, nuire au développement du système nerveux, du système endocrinien et des fonctions génésiques, et favoriser l’émergence de certains types de cancer. Bien que le recours à l’enfouissement ne s’accompagne pas d’un risque sanitaire nul, nous jugeons que l’incinération pose des risques pour la santé plus graves et plus difficilement atténuables.

Finalement, le recours à l’incinération comme mode d’élimination a tendance à nuire au développement de solutions en amont de la hiérarchie des 3RV-E. L’incinération est un mode d’élimination coûteux et techniquement capricieux qui n’est intéressant d’un point de vue financier qu’en effectuant des économies d’échelle. En d’autres mots, une fois qu’il est en service, un incinérateur doit recevoir un apport constant de matières à éliminer pour demeurer «rentable». On peut d’ailleurs présumer que cette considération serait importante advenant l’ouverture d'un nouvel incinérateur, puisque certains projets sont chiffrés à un milliard de dollars. Cette nécessité d’assurer que l’incinérateur continue à être alimenté nuit directement à la mise en place de stratégies prônant la réduction à la source et le détournement des matières résiduelles de l'élimination.

Pour en savoir davantage sur la position du Front commun sur l’incinération, consultez notre fiche d’information :

Nouvelles de nos membres et partenaires

📣 Formation hybride de l’AOMGMR | 20 novembre 2025 📣

L’AOMGMR, en collaboration avec RECYC-QUÉBEC, a le plaisir de vous inviter à sa prochaine formation qui se déroulera à l’Auberge Godefroy à Bécancour ou en ligne le 20 novembre prochain.

Consultez la programmation et réservez votre place dès maintenant ! Ce sera l’occasion d’acquérir de nouvelles connaissances, d’échanger et de s’inspirer pour améliorer vos pratiques en gestion des matières résiduelles.

🎤 Au programme :

  • Collecte intelligente

  • Nouveaux programmes d’aide financière

  • Influencer par la théorie du changement

  • Échanges avec Éco Entreprises Québec

  • …et plus encore!

📍 En personne ou en ligne

🔗 Détails et inscription : aomgmr.com/formation/formation-de-lautomne

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Le FCQGED dans les médias

Radio-Canada Ottawa-Gatineau (Les matins d’ici) – 28 octobre 2025
Les gobelets à café en carton devraient-ils être consignés?

ICI Radio-Canada (Nouvelles) – 28 octobre 2025
Québec est-elle vraiment condamnée à brûler ses déchets?

CIBL 101,5 FM (L’Effet durable) – 21 octobre 2025
Sur la Semaine québécoise de réduction des déchets

CIBL 101,5 FM (Les aurores montréal) – 20 octobre 2025
Sur la Semaine québécoise de réduction des déchets

FM 98,5 Montréal (La Commission) (FM 95,7; 96,9; 104,7; 106,9; 107,7) – 15 octobre 2025
Bientôt des bacs à ordure transparents pour surveiller ce que l’on jette?

CPAM 1400 AM (Billet de retour) – 14 octobre 2025
Sur la collecte des déchets à Montréal

La Presse – 13 octobre 2025
La bataille des ordures

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